Avec des larmes au
creux de ses yeux vert olive, elle regardait la caméra d’un air innocent. La
personne qui filmait lui a demandé : « Qu’est-ce que tu veux ? » D’une petite
voix fine, difficile à entendre, la fillette a dégluti et répondu : « À manger.
»
Un énorme nœud m’est monté à la gorge. Non : c’était comme si quelqu’un me forçait toute la réalité dans la gorge. Je ne pouvais plus respirer, avaler ni parler. Mes yeux étaient rivés sur cette image à la télévision. Le temps semblait s’être figé en cristal, et moi, dans ce cristal, j’avais vieilli de vingt ans. On dit que la vie défile comme un film… c’était exactement ça — sauf que, cette fois, chaque image de ce film brûlait.
Puis je me suis
ressaisi.
Les larmes ont déboulé
comme une rivière. En sanglots, je pensais à mon petit que je défendrais contre
la moindre égratignure, à celui pour qui je hurlerais si on lui faisait du mal…
Je me suis rappelé les fois où je courais après lui pour qu’il avale une
bouchée de plus. Les moments où je criais « je n’arrive pas à lui faire manger,
cet enfant dort le ventre vide »… Chaque larme était en fait une goutte d’acide
versée à l’intérieur de mon propre être.
Une honte soudaine m’a
envahi, puis une colère bouillonnante — comme un volcan intérieur. Quand je
nourris mon enfant et que je le couche au chaud, une paix immense m’emplit, une
sensation d’avoir soulevé des montagnes.
« Tu voudrais un frère
ou une sœur ? »
Ma réponse était
nette, tranchante comme un couteau :
« Non, je ne veux pas.
Sinon vous ne m’aimerez plus ! »
Quand un enfant invité
venait à la maison, il ne pouvait jouer qu’avec les jouets que je lui
permettais, et seulement selon mes règles. S’il m’agaçait, je lui arrachais les
jouets des mains — un vrai petit tyran. Quand on me disait « Jouez ensemble »,
ma réponse était dure et très claire :
« Non ! Ce sont mes
jouets. Je n’ai pas envie de partager. »
En grandissant, peu de
choses avaient changé : ma possessivité s’était peut-être raffinée encore plus.
Téléphones dernier cri, garde-robe pleine de pièces à la mode achetées à la
minute, vacances d’été et d’hiver chaque année, la voiture promise à l’entrée à
l’université… J’avais même des choses que je n’avais jamais souhaitées mais que
je possédais. Ma vie était une vitrine : brillante de l’extérieur, vide à
l’intérieur.
Je passais en revue
dans ma tête la liste de ceux vers qui je pouvais me tourner au moment de
difficulté: mes grands-parents, mes tantes, mes oncles, ma mère, mon père… Ils
avaient tissé autour de moi un immense filet de sécurité. Mais il y avait un
manque que je n’avais jamais su voir. Jamais je n’avais cherché la véritable
confiance, le véritable refuge.
Pourtant, malgré ces
épreuves, dans les yeux vert olive de cette petite du vidéo il n’y avait ni
étincelle de colère ni ombre de désespoir. Elle savait que viendraient des
jours où elle mangerait à sa faim — elle
en avait la certitude ancrée au plus profond d’elle. Ses yeux portaient la
tranquillité d’une mer.
Ceux qui ne demandent
qu’à leur Seigneur éprouvent de la tristesse, mais non de la colère. Malgré son
âge, sa foi en ALLAH était solide comme un roc. Elle savait qu’Il enverrait
quelqu’un pour aider, qu’Il trouverait un moyen. Après tout, ce monde n’était
pas ce qu’elle désirait le plus : elle aspirait aux plus beaux jardins du
Paradis… et jamais elle ne se laissait aller au désespoir. Sa racine était
profondément attachée à ALLAH.
C’est là que j’ai
compris. Pendant toute ma vie, je m’étais agrippé aux gens ; elle, elle
s’agrippait à son Seigneur. Moi, je me reposais sur des mains passagères ; elle
s’appuyait sur une puissance éternelle.
Après toutes ces
pensées, je n’ai plus supporté le nœud dans ma gorge ni la larme au bord des
yeux. Je me suis précipitée sur mes pieds. Ne sachant que faire, j’ai commencé
à faire les cent pas. C’était comme si mon corps était une flèche en attente
d’une décision. Il fallait agir. Je me suis précipité à la cuisine et j’ai vidé
sur la table tout ce qui pouvait servir à cuisiner.
Chaque fois que je
suis triste ou excessivement joyeux, je cuisine comme à l’habitude. Mais cette
fois, mes mains travaillaient autrement : chaque légume que je coupais, chaque
casserole que je remuais étaient une prière. Je préparais des plats pour la kermesse
organisée en faveur de nos frères et sœurs de Gaza, pour qu’ils aient une
bouchée de plus. À chaque geste, je voyais le visage de la petite fille.
Dans les yeux de cette
fillette de Gaza, je me suis reconnu : mon humanité, mon amour. Et sur le
champ, ma colère, ma haine, ma rancœur se sont effacées. À leur place, ont
rempli mon cœur : responsabilité, compassion et un lien véritable.
Gaza était la preuve
concrète du « malgré tout » :
l’espoir qui pousse entre les ruines, les prières qui montent au-delà du fracas
des bombes, les partages qui subsistent malgré la faim.
Je prie ALLAH de
mettre fin à cette oppression au plus vite, que les chants d’oiseaux remplacent
le fracas des bombes, que des maisons se reconstruisent là où il n’y a que
décombres. Alors, ce jour-là, je cuisinerai de mes propres mains les plus beaux
plats pour nos frères et sœurs de Gaza.
Ce petit enfant m’a
donné cette journée une leçon immense. Ce n’était pas seulement une leçon :
c’était un réveil. Mon armure d’égoïsme s’est brisée en mille morceaux, et un
vrai cœur a commencé à battre.
« Seul Lui est celui en qui l’on se réfugie. »
Je le savais désormais très clairement.
Et cette connaissance a changé toute ma vie.
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